Fabien Martinand est né, vit et travaille à Lyon.
«…Il y a dans la couleur quelque chose de fort, de choquant, comme issue d’une autre culture.
La transgression des interdits, des valeurs bourgeoises se marquent dans les contrastes colorés ou la couleur pure. Le bon goût, le chic, le sobre, le sérieux ne se jouent pas dans les dissonances.
La couleur pure n’est pas le signe d’un intégrisme (bien au contraire). Les rouges vifs, les verts crus, les bleus outremer ou turquoise, le jaune citron… sont mes moyens d’expressions préférés, les chairs de l’âme ou l’âme de ma chair.
Ma pratique de la couleur comme peintre graveur sculpteur depuis 30 ans maintenant m’a fait vivre cette confrontation et cette fusion avec un élément d’une force incroyable. La couleur pure a sa vie propre, elle se dilate, se répand, dévore ou construit. Un bleu ne respire pas comme un rouge, un outremer profond veut sa place, pousse l’espace plus loin, un turquoise recule, bascule la raison…
Au contact de ce rapport de force, l’intensité de l’échange fait appel à ce que j’ai en moi de plus intime, de plus primitif au plus spirituel.
J’ai la sensation de « jouer » à la vie à la mort, sur le fil du rasoir avec des questions éternelles et des réponses infinies, amoureux de la vie, poussé par un insatiable désir de naître à nouveau sur chaque toile à chaque gravure plus fort de ce bain de couleur…
…Oui mes couleurs résistent, et avec elles je ne me plie pas à la raison, «la couleur est intellectuellement impraticable», elle raisonne par elle-même, comme une note de musique. Elle porte la vie ma couleur, elle jouit, elle pleure, elle réclame, elle pense, elle figure, elle idéalise, elle libère.
Peut-être est-ce pour cela qu’elle se fait rare la couleur pure… ce qui la rend encore plus nécessaire à mon coeur.»
Sources : http://www.et-alors.org/dossier-les-Artistes/Martinand-2008.html